Mercredi 14 juillet: Viðareiði - Hattarvík
Je me lève à huit heures pour préparer le petit
déjeuner. Soleil timide dans l'axe de la tente. Nous partons
à 9 h pour tenter l'ascension de l'Enniberg avec ses falaises
renommées. Le sentier au dessus du village est très
vague et rejoint une ligne de cairns qui s'élève sur un
grand versant orienté sud. Comme le plafond est à
mi-hauteur, nous plongeons bientôt dans le brouillard à
partir de 500 m.
La recherche d'itinéraire n'est pas très
compliquée si l'on suit les jalons réguliers. Vers 800 m,
la montée se termine et oblique à gauche pour suivre une
arête en légèrement descente vers l'ouest puis vers
le nord. Plus loin, l'arête se rétrécit pour
passer une sorte de col étroit. Youx grogne mais suit.
Toujours aucune visibilité. Nous retrouvons pour quelques
centaines de mètres un plateau. Tout au bout, nous arrivons
face au précipice. On distingue une fois de plus des
pétrels, oiseaux habituels de ces endroits, qui passent en tout
sens. Attendons toujours un peu que ça se dégage. Mais
ça ne se dégage pas. Demi-tour par le même chemin
et retour à la tente.
Une fois sortis des nuages, une légère variante nous
fait traverser à flanc pour atteindre les falaises qui plongent
vers l'est. A peine 300 m de hauteur mais l'impression de vide est
déjà très sensible. Au loin, l'île de
Fugloy où nous comptons nous rendre cet après-midi et
toujours le ballet des pétrels et macareux.
Durant le retour au village, la pluie recommence. Nous remballons la tente rapidement, faisons les sacs puis gagnons l'arrêt de bus qui jouxte le magasin d'alimentation. Quelques emplettes en attendant le bus de 13h40. La danoise d'hier est encore une fois sur notre chemin. Elle va également à Fugloy aujourd'hui.
A Hvannasund, le quai étant désert, nous attendons
patiemment le ferry en buvant un café maison. Finalement un peu
avant 15h une certaine agitation apparaît qui aboutit à
un appareillage à l'heure, une fois le chargement
effectué.
Le petit salon pour les passagers est trop étroit et nous
montons à l'étage supérieur pour profiter du
paysage et des oiseaux rencontrés.
Nous sortons lentement du fjord constitué par les îles de Borðoy et Viðoy et gagnons tout d'abord Svínoy pour une première étape. Quelques fermes aquicoles le long des rives. Le temps s'est un peu amélioré et la visibilité sur les falaises toutes proches est très bonne.
Premier arrêt. Une vingtaine de personnes attendent sur la
jetée. Mise en route de la grue qui charge et
décharge les caisses, fûts et poubelles. Le capitaine surveille
tout cela attentivement en pilotant sa télécommande.
Nous repartons bientôt vers Kirkja sur Fugloy. Même scénario ici. Le bateau est amarré par l'avant et garde ses moteurs embrayés tandis que toute la population locale assiste au débarquement.
Nouveau départ, cette fois pour rejoindre Hattarvík où nous descendons. Là aussi, la moitié du village est présente. Nous sommes quasiment les seuls touristes et ne passont pas inaperçus avec nos sacs à dos.
Nous remontons tranquillement la seule rue pour nous éloigner un peu des maisons et trouver un endroit tranquille.
Un chantier de goudronnage de la route est en pleine
activité. Tous les véhicules disponibles, un camion, un
tracteur et un triporteur, ont été mis à
contribution pour monter les matériaux. Et comme le chemin
n'est pas assez large pour permettre les croisements partout, cela
donne lieu à un ballet assez comique entre ceux qui montent et
ceux qui descendent. Le tout dans un bruit de moteur continuel.
Nous trouvons une prairie dominant le village et plantons la tente avant de pique-niquer face à la mer. Petit rayon de soleil et belles lumières qui ne durent pas sur les maisons en contrebas.
Petit café à l'orée de la tente. Ensuite départ pour explorer la crête à l'est du village (Eystfelli). Nous rejoignons d'abord un col avec des moutons puis longeons le bord de la falaise éboulée par endroits. Au sommet un panorama complet sur l'île et une vue plongeante sur la mer vers l'est. Le ciel s'est dégagé et les conditions de visibilité sont bonnes.
Un technicien accompagné par trois chiens est en train
d'inspecter le phare. Il nous hèle depuis la plate-forme
sommitale et nous demande si nous avons du feu. Comme j'ai mon briquet
à portée, je monte le lui prêter. Il essaie
d'allumer les brûleurs à gaz avec une boîte d'allumettes
un peu humide et échoue. Pour nous remercier, il nous montre un
autre phare perdu tout au bas de la falaise. Ses chiens n'ont pas
l'air agressifs et nous tournent autour. Nous le laissons à ses
réparations et redescendons tranquillement au col qui
sépare l'île en deux.
Petit conciliabule entre nous. Ne connaissant pas les conditions météo de demain, nous décidons d'enchaîner directement la balade sur l'autre sommet de l'île, ce qui implique 400 m à remonter immédiatement.
Durant cette ascension, nous traversons une zone humide où
visiblement des sternes nichent comme en témoignent les
attaques en piqué violentes dont nous sommes les
cibles.
Heureusement, ça ne dure pas et nous atteignons bientôt le bord d'un vaste plateau sommital dominé au loin par une grande antenne vers laquelle nous marchons maintenant. La vue s'est étendue vers le reste de l'archipel mais des nuages nous masquent encore les sommets.
Au bout d'une marche interminable, nous sommes au pied de
l'antenne (Klubbin sur la carte) et pouvons nous approcher des falaises du coté
ouest. En face, nous devinons Viðareiði ainsi que la
silhouette caractéristique de l'Enniberg qui est à
présent sorti des nuages.
Petite collation au bord du gouffre puis demi-tour vers la tente. Nous suivons la longue arête qui nous ramène près de la route puis empruntons un sentier qui plonge en direction d'Hattarvík. Je profite d'un ruisseau pour faire le plein d'eau.
Dîner rapide et dodo avec en bruit de fond le va et vient de l'équipe goudron jusqu'à 23h.